Poser la Voie.


   Il y a quelques temps, un amateur est venu nous exposer ses problèmes: une de ses machines, pourtant de bonne qualité, déraillait souvent, nous disait-il. D’abord étonnés, nous avons fini par comprendre ce qui se passait : le malheureux avait un réseau démontable : premier problème. Pour que ça ait l’air de quelque chose et, croyait-il, pour améliorer le roulement, il montait son réseau sur un joli tapis : deuxième problème, celui-ci catastrophique. Soyons clairs : en modélisme comme dans la réalité, une voie doit être si solidement ancrée qu’on ne puisse craindre aucune déformation, aucun défaut d’alignement ; en outre, il faut absolument pouvoir régulièrement la nettoyer, pour la débarrasser de la poussière, de la graisse et surtout des petits brins de fibres qui finissent par s’enrouler autour des essieux et des engrenages avec les résultats qu’on imagine ! Conclusion ? Il faut bien se résigner à l’idée qu’un réseau doit être fixe.

   Mais, allez-vous objecter, si je veux en changer le tracé, ajouter une voie ici ou là ? Bon. Pendant quelque temps, vous monterez votre réseau de façon provisoire, vous essayerez diverses configurations, vous ajouterez, enlèverez à votre guise. Et puis vous vous direz “je le tiens” et le moment sera venu de passer aux choses sérieuses. Que vous montiez votre réseau sur une “table”, sur des modules ou, comme au R.M.C., sur des pistes de roulement, la pose de la voie reste identique : fondamentalement, vous allez fixer la voie (“les rails”) sur une planche en intercalant une épaisseur de quelque chose qui représentera le ballast. Les techniques que nous vous proposons ne sont certes pas les seules possibles, ce sont celles que nous utilisons au R.M.C. parce que nous les avons trouvées fiables et commodes à mettre en pratique.

   Voyons d’abord le matériel que nous utilisons.
   Nous posons la voie sur des pistes de roulement en contre-plaqué de 8 ou de 10 mm, mais du contreplaqué “cp” de 5 mm fait l’affaire la plupart du temps, surtout sur des réseaux petits ou moyens et s’il est bien entretoisé.
   Pour le ballast, nous utilisons du liège à tapisser de 3 mm d’épaisseur, en feuilles de 30 cm X 30 cm, beaucoup plus commode à mettre en œuvre que celui vendu en rouleaux, pour un prix à peu près identique. Ce liège sera saupoudré de flocage “ballast” : nous employons tout simplement du sable de rivière tamisé pour cet usage (1).
   Nous utilisons aussi des petits clous très fins, de la colle blanche à bois, du ruban adhésif dit : “papier adhésif crêpé” prévu pour peindre sans bavures. Comme outils, un petit marteau, une bonne grosse pince, une pince coupante, un cutter à lames auto cassantes, un bon réglet de 30 cm ou plus, un pinceau dans les 2 à 3 cm de large pour la colle, une passette pas trop fine pour saupoudrer le sable. Et maintenant, au travail !

(1) Le ballast des vrais chemins de fer est constitué de cailloux calibrés de 30 à 60mm soit à peu près 0,5 mm au 1/87ème. On peut accepter un granulé un peu plus grossier (jusqu’à presque 1 mm) qui donne un meilleur aspect caillouteux qu’un sable plus fin.

1 - Tracez l’axe de vos voies sur le support, à la régie et au compas, en tenant bien compte des rayons de courbure, des dimensions des appareils de voie, etc. Vous pouvez improviser un compas avec une ficelle et un clou. Par photocopie, on peut aussi fabriquer des “patrons” des appareils de voie.

2 - Posez la voie provisoirement à l’aide de petits clous ou d’épingles passés dans les trous des traverses. Si ces trous sont trop petits, n’hésitez pas à les agrandir : il faut que la voie puisse monter et descendre sur les clous qui la fixent provisoirement. Coupez les têtes des clous, mais en les laissant tout de même assez longs : une dizaine de mm au moins. Vous pouvez déjà constituer des sous-ensembles en soudant par les éclisses des tronçons de voie ou surtout des séries d’appareils (aiguillages, croisements..), mais pas trop grands pour ne pas rendre les étapes suivantes difficiles.

3 - Relevez la voie. Encollez la zone où elle sera posée. Posez le “ballast” de liège. Redescendez la voie en place grâce aux clous et immédiatement ...

4 - Découpez le liège au cutter en vous servant des traverses comme guide. Utilisez une lame neuve, bien coupante. Taillez en oblique pour restituer l’inclinaison du ballast. Pour une voie secondaire, on peut tailler au ras des traverses, pour une voie principale, laissez 3 à 4 mm de marge. (Notez que les doubles voies reposent sur une plate-forme unique....) Enlevez les chutes avant que la colle ne prenne.... Posez des poids divers (boîte de conserves par exemple) régulièrement sur la voie (tous les 30 cm environ) et laissez sécher....

5 - Relevez la voie. Protégez les marges et les zones à ne pas encoller avec du ruban adhésif ; pensez en particulier à protéger les zones où vont se poser les traverses mobiles des aiguilles. Encollez largement la semelle de liège de colle délayée (3/4 colle - 1/4 d’eau) additionnée de quelques gouttes de liquide à vaisselle, enlevez le ruban protecteur des zones où vous allez poser la voie, puis immédiatement...

6 - Redescendez la voie dans la colle... Vous vous mettez de la colle plein les doigts ? Vous devenez grossier en peinant à redescendre la voie pile dans ses clous ? C’est naturel. Saupoudrez de granulé jusqu’à la hauteur des traverses. Décollez les bandes de ruban protecteur latérales.... Laissez sécher sans plus toucher à rien. La voie est maintenant bien fixée : enlevez les clous, passez, un coup de brosse puis d’aspirateur. Vérifiez que vos aiguillages fonctionnent normalement.... S’il manque un peu de ballast ici ou là, une goutte de colle et on complète....

   Si, plus tard, vous souhaitez tout redécoller, ce sera tout à fait possible avec de l’eau chaude, une spatule et un peu de patience ; vous pourrez récupérer votre voie comme neuve et repartir à zéro!....

Texte et dessin de Michel VIERS

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