.
  Modulino de 50 cm "Opiteingkong" - par Prof.

        C’est l’histoire d’un arbre qui, bien que mort, a su amuser quelques spectateurs en expo sur un de mes modules, bien avant l’an 2000.

        C’est un chemin bordé d’arbres. L’un d’eux semble malade : feuillage pauvre et jaunâtre. Voilà sans doute pourquoi un bûcheron s’est résolu à l’abattre. Il a poussé sa brouette avec ses outils jusqu’au pied de l’arbre, et frappe le tronc de sa hache avec courage et obstination. Sera-t-il récompensé de ses efforts ? Voici l’arbre qui tremble un peu sur sa base, oscille, s’incline et s’abat enfin dans un grand fracas de branches cassées.

        Là je romance un peu, car même en tombant de toute sa hauteur, un arbre de 15 cm ne fait guère de bruit et bien peu de dégâts.) Mais enfin le bûcheron est satisfait, l’arbre est coupé, devant lui ne reste plus qu’une souche modeste qu’il arrachera plus tard, sans doute. Voilà pourquoi, ayant cessé de s’escrimer, il prend maintenant une pause contemplative. Fin de l’acte I.

        Alors... une main digne de Gulliver saisit l’arbre abattu, le repose sur la souche, et voilà notre travailleur contraint de reprendre son travail de forçat. Pourtant...

        Le système a fait l’objet d’un article détaillé dans le n°54 de l’excellente revue Voie Libre auquel je vous renvoie pour des photos et des dessins détaillés du mécanisme.

        En outre, il nous a fait bien rire :

        C’était un jour d’exposition, et le module du bûcheron était de sortie. Mon ami Michel S. prend en charge l’animation, et régulièrement, devant les visiteurs amusés, l’arbre est abattu. Michel le remet sur pied, relance la mécanique, etc. Un badaud s’intéresse vivement à la scène. Pour lui, Michel répète le scénario, deux fois, trois fois... Alors, sentencieux, le spectateur lui demande : « Mais pourquoi vous le collez pas, cet arbre ? »

        J’ai abandonné un jour les modules de ce réseau, mais j’ai soigneusement récupéré le mécanisme du bûcheron, et un autre dont je parlerai plus loin.

        J’ai donc conçu un modulino tout exprès pour mettre en valeur ce petit automate, mais en corsant un peu la scène. Ici, l’arbre ne tombe pas n’importe où : il s’abat sur la voie, alors qu’un train risque d’arriver ! Oputeingkong !

        Alors, d’une cabane qui semblait abandonnée en bordure de la ligne surgit un compagnon brandissant une lanterne rouge, qui se jette sur la voie pour arrêter la circulation avant l’accident. Ouf !

        La mécanique qui anime ce petit système m’a donné pas mal de fil à retordre. En peu de mots, le porteur de lanterne (une diode DEL rouge) et monté sur une languette de circuit imprimé de 1 mm d’épaisseur, entraînée par une crémaillère installée sous le plancher de la cabane. Les fils d’alimentation de la DEL servent de doigts d’entraînement, insérés entre deux des planches due la passerelle rustique sur le fossé devant la cabane. C’est assez discret, et puis ça marche.

        Une autre « animation », transfuge de mes anciens modules, est extrêmement discrète et pourtant bien réelle : un petit groupe de tournesols, probablement nés d’égrenage accidentel, se dresse à droite dans une vaine pâture (chez nous on dit « un pâtus ») C’est insensible à l’oeil nu, comme le déplacement de l’aiguille des minutes d’une montre ancienne, mais ils tournent bel et bien.

Le mécanisme a été décrit très en détail dans le n° 50 du magasine Voie Libre.

En place.

        Près de là un vieux râteau mécanique rouille tranquillement.

                Je ne m’étendrai pas sur quelques autres scénettes comme, à l’arrière, à l’orée de la forêt (6 arbres !) un cheval servant au débardage – le gros plan, impitoyable, met en lumière la grossièreté du flocage des arbres, mais à 50 cm de distance, c’est tout à fait satisfaisant.

        Au premier plan à droite une paire de pins parasols offre son ombre propice à qui voudrait se reposer à leurs pieds, alors que le talus planté de genêts en fleurs illumine le paysage.


        Je m’aperçois que j’allais oublier  un petit quelque chose, un détail, une broutille...

        Au milieu du modulino, un torrent au débit capricieux, enjambé par un très modeste ponceau, dévale la pente où il a creusé une entaille impressionnante (pas le canyon du Colorado, tout de même).

        C’est là que, profitant de la falaise terreuse propice à leurs moeurs nidificatoires, une colonie de gargottes (oiseaux assez semblables à nos guêpiers d’Europe) ont creusé leurs terriers. On n’a de cesse de les observer entrer et sortir de leurs nids à la vitesse de l’éclair.

        Le mécanisme qui les anime ressemble un peu à celui des boîtes à musique, je ne m’y étends pas pour ne pas briser le rêve.

Vue générale du modulino.

Haut page