Modulino de 100cm "La craddonite" - par Prof.

    On se souviendra sans doute que l’atterrissage un peu violent d’une non-soucoupe volante relaté dans « Le Modulineau Libéré » du 22 juillet 1954 se produisit dans la commune de Modulineau au lieu-dit « La Craddonite ».

   Ce nom un peu étrange ayant attisé ma curiosité, j’ai posé quelques questions aux plus vieux habitants du bourg. C’est ainsi que j’ai appris l’existence d’une ancienne mine de ce précieux minerai : le craddonium. Le site est, paraît-il, abandonné depuis quelques décennies, mais j’avais envie d’aller voir un peu de quoi il retournait.

   Philippe Cousyn nous avait signalé le siège social de la société, rue Jules Guesde (Loco-Revue n°536), Raymond Duton nous avait régalé d’une visite à la carrière de Craddony-en Brie (Loco-Revue n° 538), Michel Denonfoux révélé une autre carrière sur les contreforts des Cévennes (Loco-Revue n° 563), et puis Alexandre Zelkine, le « père » historique du Craddonium, nous avait offert un merveilleux reportage sur Port Cradding dans Voie Libre n°11 (encart de Loco-Revue n° 597).

Voilà la raison de ma visite en ces lieux.

La route ou plutôt le chemin d’accès au site n’a rien de mystérieux. On repère d’assez loin l’imposant bâtiment qui abritait les services administratifs de la mine.

   Mais quand on s’en approche, l’état d’abandon et les signes de délabrement se révèlent. Les crépis se délitent, les accès du rez-de-chaussée sont grossièrement condamnés.

   Les pigeons ont pris possession des lieux.

   Quelques pas encore vont me permettre de contempler le pignon est de l’édifice, où s’étalait avec fierté, visible de loin, la raison sociale « LA CRADDONITE S.A. », aujourd’hui devenue presque illisible.

   Tout auprès se dressent les restes du portail d’entrée. Deux colonnes en fonte soutiennent un portique métallique où de grandes lettres boulonnées répétaient le titre avec fierté.

   La rouille et le vent ont commencé leur travail destructeur. Une lettre presque détachée déjà me menace comme une épée de Damoclès. Bienheureuse consolation, la structure accueille les petites pattes d’un groupe de rolliers d’Europe, oiseaux assez rares pour que leur vue me remplisse d’aise.

   Là bas, l’horizon est borné par la longue falaise d’une ancienne carrière. J’arrive au cœur du site.

   Une simple croix de Saint-André met en garde contre la traversée de la voie de chemin de fer. J’emprunte donc le passage planchéié avec précaution .

   D’accord, ni les magnifiques 240 P ni les monstrueuses 241 P ne fréquentent nos modestes provinces, mais même une 230 A m’écrabouillerait sans peine en cas de distraction.
   Passée la voie de circulation, une seconde reste à franchir, sans crainte. C’est l’embranchement particulier de la Craddonite, dont nous verrons qu’il n’a pas perdu toute utilité.
   A gauche, reléguée dans un renfoncement du site, une énorme grue excavatrice à chenilles agonise tranquillement.

   J’ai envie de pousser un peu mon exploration dans cette direction. De là je distingue le pignon ouest des bureaux avec sa publicité murale pour les produits de l’As de Trèfle.

   Mais aussi, dissimulées dans le ravin, quelques bennes Decauville qui y ont été déversées achèvent de rouiller.

   Depuis le passage planchéié, à droite, le chemin me conduit vers l’entrée de la mine. À-demi enterrés, quelques coupons d’une voie industrielle s’y engouffrent, ce que je n’aurais garde de faire. Un écriteau menaçant, rouge avec une tête de mort, avertit du danger qu’il y aurait à pénétrer dans la galerie, où l’on devine des traces d’effondrements inquiétantes.

   Je poursuis donc mon chemin en direction du grand portique de manutention MIDI qui se dresse un peu plus loin.

   J’en fais le tour avec grand intérêt, et je note sur mon carnet les dimensions que je relève soigneusement. Sans doute essayerai-je d’en faire un modèle en H0, fonctionnel ça va de soi. Il a été conservé en bon état, tout montre d’ailleurs qu’il est encore en service, et je sais bien pour qui : des empilements de bois d’œuvre attendent leur utilisation prochaine.

   C’est un tonnelier qui s’est installé en vis-à-vis des bureaux de la Craddonite. Si j’en crois la véritable forêt de tonneaux neufs qui encombrent la cour devant son modeste atelier, il ne manque pas de travail. Un peu partout je repère les accessoires de son métier : tréteaux, banc à planer, cercles métalliques surtout, envahissants. Un tonneau en cours de fabrication, « mis en rose » trône près de la porte.

   J’imagine que les merrains sont mis à sécher au fond de l’atelier, comme les douelles prêtes pour l’assemblage. À droite, paisible cerbère, un chien tranquille ne fait même pas mine de se lever – c’est comme ça que je les aime. Sa niche rend hommage à l’expertise de son maître.

   Le tonnelier, M. Diogène, est là, forgeant un cercle sur son enclume .

   Je ne voudrais pas le déranger, mais je ne peux pas ne pas le saluer. « Eh ! bien ! Beau travail ! » - « Pauvre monsieur (c’est une formule qui permet de s’apitoyer un peu sur soi-même), je ne sais plus où les mettre ; j’en ai même derrière ! »
Curieux, je fais le tour des baraques, remarquant au passage le slogan peint sur l’un des murs : « spécialité de gros tonneaux ».

   En effet, d’autres barriques s’étalent à l’arrière des bâtiments, accompagnées d’un haquet qui ne doit plus guère servir.

    Plus à l’est, le terrain livre passage à un ruisselet et quelle n’est pas ma surprise de découvrir là une petite famille de "neuguettes", deux adultes au bec rouge et deux juvéniles au bec noir, en quête de vers ou d’insectes .

   Chacun sait que les "neuguettes", oiseaux aptères aux plumes courtes et velouteuses sont protégées. D’ailleurs, piètre gibier, leur chair blanche et inconsistante dégage une faible odeur de poisson plutôt désagréable.

Ma visite est terminée, je vais rejoindre Le Modulineau où d’autres plaisirs m’attendent. Déjà parti en exposition.

 

 

bâtiment Craddonite : carton-plume
pigeons, rolliers : photodécoupe et soudure
réclames murales : papier transferts pour textile
portail : photodécoupe
falaise : structure polyuréthane, revêtement stuc
voies : SMP DC, appareils Peco code 75
passage planchéié : bois de Reblochon
grue excavatrice à chenilles : kit Kibri
bennes Decauville : kit ?
portique de chargement : photodécoupe et soudure
tonneaux : imprimante 3D - merci JPS
cercles métalliques : découpés dans l’enveloppe de condensateurs du bon diamètre
tonnelier : personnage Preiser articulé et animé
haquet : bidouillage plastique
neuguettes : élevage personnel

   La particularité ferroviaire du modulino, c'est la bretelle double asymétrique.*

   Le branchement électrique des aiguilles aux pointes de cœur non isolées ne fut pas de tout repos.

 

Schéma de branchement.

 

Avec son boitier.

 

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